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 Les lectures de pasdel

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Mes lectures, mes coups de coeur, mes humeurs... voici ce que vous retrouverez dans mon blog.


La révolte des enfants des Vermiraux

Publié par leslecturesdepasdel sur 15 Avril 2013, 08:12am

Catégories : #Partenariat

D'Emmanuelle Jouët

Editions L'oeil d'or, 150 pages


 

http://images.empreintesduweb.com/vignette/1366048762.jpg

 

 

  Juillet 1911, après plusieurs jours de délibération, le tribunal d’Avallon clôt l’affaire des Vermiraux. Malgré la forte couverture médiatique de l’époque, peu ou prou d’entre nous connaissent ou ont entendu parler de cet évènement. Emmanuelle Jouët nous fait découvrir ce scandale qui secoua l’Yonne en ce début de XXe siècle.

 

 Pour bien appréhender la situation, il convient de se replonger dans le contexte et se remémorer qu’à cette période, les droits de l’enfant n’existaient pas. L’adolescent était  considéré plus ou moins comme un adulte. De plus, les villes connurent un regain de violence et de délinquance juvénile. En 1908, S. Sighele s’exclama dans un entretien au journal Le Matin :


«  (…) aujourd’hui le cachet de la criminalité, non seulement en France, mais dans tous les pays civilisés, est l’augmentation énorme, invraisemblable, des crimes et délits commis par les mineurs.

 Une armée criminelle composée d’enfants, qui n’ont pas encore dix-huit ou vingt ans, une armée juvénile qui grossit désespérément tous les jours, voilà le phénomène le plus dangereux et le plus douloureux de cette aube de siècle. »


  Afin de se débarrasser de cette gangrène, les délinquants furent envoyés hors des villes dans des établissements publics ou privés comme les Vermiraux.

 

   Créé en 1882 sur la commune de Quarré-les-Tombes, l’établissement des Vermiraux fut présenté comme l’ « institut sanitaire de l’Yonne pour le redressement intellectuel des anormaux, nerveux, arriérés et rachitiques » (page 17). Au fil du temps et des lois, il reçut également des pupilles de la nation et des dévoyés afin de les réinsérer au mieux dans la société.

 

«  (…) c’est à des infirmiers bien dressés et non à des instituteurs que ces malheureux doivent être confiés, quitte, lorsque, plus tard, ils seront suffisamment améliorés, à les placer dans le Morvan »  (Docteur Wahl, page 51).

 

  Le programme de présentation n’était pas sans rappeler celui des phalanstères et de leurs pensées philanthropiques :

 

« (…) afin d’attirer et d’attacher les cœurs français à une œuvre quenous croyons vraiment belle, véritablement digne, puisqu’elleapporte quelques soulagements, quelques améliorations au sort d’enfants terriblement déshérités et qu’en les sauvegardant, en les éduquant, elle essaie de les protéger tout en libérant la société des dangers qu’inconscients, ils auraient pu lui faire courir » (page 41).

 

  Mais très vite, les conditions se détériorèrent laissant place à des intérêts plus mercantiles qu'idéalistes, entrainant une surenchère de la violence. Les carences en hygiène et en nourriture, suivies de maltraitances et d’abus sexuels, aboutirent aux décès de pensionnaires, à la recrudescence de mutineries ainsi qu'à la fermeture d’un premier établissement à la Pierre-qui-Vire. L’apothéose fut atteinte en 1911 avec le procès retentissant d’Avallon.

 

Merci aux éditions de l’œil d’or  pour cette découverte. Une chose est certaine, je n’aurai pas choisi cet ouvrage de mon propre chef, et je pense que c’est à cela que servent aussi ces opérations : aller au-delà de ses réticences. La révolte des enfants des Vermiraux change radicalement des deux précédents opus ; on sort ici des romans faciles et on entre directement dans l’héritage obscure et douloureux de notre passé.

 

Poème de Jacques Prévert, la chasse à l’enfant qui évoque la mutinerie de 1934, dans un établissement de Belle-Ile-en-Mer.

 

 

 


Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

Au-dessus de l'île on voit des oiseaux
Tout autour de l'île il y a de l'eau

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

Qu'est-ce que c'est que ces hurlements

Bandit ! Voyou ! Voyou ! Chenapan !

C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant

Il avait dit j'en ai assez de la maison de redressement
Et les gardiens à coup de clefs lui avaient brisé les dents
Et puis ils l'avaient laissé étendu sur le ciment

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

Maintenant il s'est sauvé
Et comme une bête traquée
Il galope dans la nuit
Et tous galopent après lui
Les gendarmes les touristes les rentiers les artistes

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant

Pourchasser l'enfant, pas besoin de permis
Tous le braves gens s'y sont mis
Qu'est-ce qui nage dans la nuit
Quels sont ces éclairs ces bruits
C'est un enfant qui s'enfuit
On tire sur lui à coups de fusil

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

Tous ces messieurs sur le rivage
Sont bredouilles et verts de rage

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

Rejoindras-tu le continent rejoindras-tu le continent !

Au-dessus de l'île on voit des oiseaux
Tout autour de l'île il y a de l'eau.
 

 

 

 

 

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Commenter cet article
Z
<br /> Ce doit être un livre aussi beau que dur à lire. Merci pour cette chronique<br />
Répondre
L
<br /> <br /> Merci <br /> <br /> <br /> <br />
B
<br /> L'homme est un loup pour l'homme... je me demande souvent s'il est dans ce monde une seule espèce qui soit capable de se nuire à ce point, avec autant de cruauté que de stupidité... <br />
Répondre
L
<br /> <br /> A ce jour non. <br /> <br /> <br /> <br />

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