Les hommes
La fin de l’hiver et l’anniversaire de Gaëtan coïncident avec le retour des hommes dans la commune de Notre-Dame-des-Lacs. Quelle n’est donc pas leur surprise de constater la présence d’un nouvel habitant ! L’accueil se veut plutôt réservé et lorsqu’on leur propose de manger gratuitement, la situation dégénère.
Dans un album plus rythmé que les deux premiers, la jalousie et la rébellion donnent l’impulsion de ce nouvel épisode. Contrairement aux autres, l’ambiance est plus bruyante et plus rapide alors que l’on avait pour habitude de prendre le temps de vivre.
Les allégories et les détails cachés fourmillent entre les scènes, notamment avec l’omniprésence du canard qui représente Serge sans cesse rejeté par le chien et le chat (le village).
« -Marie... Les routes vont bientôt être praticables... Il est peut-être temps que je parte...
-!!?!Y'en est pas questions !! C'est-tu clair, Serge !?
-M…Mais.?...
-A la mort de Félix y avaient tous ben peur que je m'en aille ! Si j'étais partie, c'était la mort de Notre-Dame-des-lacs ! ça fait que je suis restée icitte ! Pour leur faire plaisir !! Mais Sainte Bénite, c'est quand même moi qui mène chez moi !! Pis c'est pas eux autres qui vont m'empêcher d'avoir un restaurant dans MON magasin !!
- M…Mais M… Marie, c…calmez-vous j…je vous en pr…
- J’ai pas le gout de me calm… !!? » (Page 27)
« J’m’en câââlisse de ton chaudron ! Aujourd’hui c’est dimanche, pis le magasin est fermé !!
Pis tiens y va etre fermé lundi aussi, pis mardi, pis tout, là !!
Hostie d’câliss’de tabarnak !
(woouuph…ça fait du bien !) » (Page 28)
Confession
L’ordre semble enfin rétablit dans le village. C’est l’occasion de célébrer le baptême du nouveau- né et les discussions vont bon train pendant la fête avec en leitmotiv la question que tout le monde se pose : quand Serge et Marie vont-ils officialiser leur union ?
Confession fait la part belle aux non-dits et aux expressions visuelles, ouvrant l’imaginaire du lecteur par l’entremise de nombreuses planches sans textes. Cet album révèle la différence de Serge, bien que cette homosexualité soit déjà évoquée à la fin du tome trois. Ces longs silences, cette difficulté à avouer sont à replacer dans le contexte et dans l’époque où se déroule cette fable. Car dans le Paris des années vingt où a vécu Serge, des artistes tel que Gide ou Cocteau affichent plus ou moins ouvertement leur côté inverti, mais ici en plein milieu rural, dans un monde masculin où les hommes travaillent dur et font la loi, cette dissemblance ne peut être ni exprimée ni montrée.
« - D'ailleurs tu comprends tellement pas que tu as essayé de me faire rentrer dans le droit chemin... Ça marche pas comme ça, Marie !... Malgré tout le sentiment que j'ai pour toi, et Dieu sait si j'en ai, je ne peux pas changer ! Je suis comme ça ! Un point c'est tout !!! Et si tu as des ardeurs à calmer... il y a d'autres hommes !!
- ...
- Merde ! Merde ! Et MERDE ! » (Pages 54-55)