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 Les lectures de pasdel

Les lectures de pasdel

Mes lectures, mes coups de coeur, mes humeurs... voici ce que vous retrouverez dans mon blog.


Le combat ordinaire

Publié par leslecturesdepasdel sur 3 Octobre 2013, 06:08am

Catégories : #BD

De Manu Larcenet

Éditions Dargaud, 54 pages

 

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    «  Contre qui êtes-vous en colère ? Contre moi parce que je ne suis pas tel que vous le vouliez, ou contre vous pour ne l'avoir pas vu ?! Je ne vous ai pas menti… vous n'avez vu que ce que vous voulez voir ! » (Page 51)

 

 

   Mensonges, colères. Mensonge vis-à-vis de lui-même, mensonge à la vie, colères contre autrui, contre celui qui représente son père, celui qui semble vivre en parfaite harmonie avec son monde.

Marco est photographe reporter, mais la lassitude, l'apathie, l'aboulie et une certaine athymhormie s'insinuent en lui et gagne sa volonté. Névrosé, il suit une thérapie lourde et harassante, l'obligeant à chercher le réconfort chez son frère « Georges », puis chez ses parents. Mais Marco n'est pas à l'aise, les rapports avec son père sont difficiles et avec sa mère unilatéraux, son bonheur, il ne le trouve que chez lui avec Adolf le chat belliqueux.

    Les rencontres d’Émilie et du retraité philosophe vont engendrer de profonds bouleversements dans l'équilibre fragile de notre héros.

 

   Manu Larcenet retranscrit ici les ressentiments que peuvent éprouver ses lecteurs en juxtaposant des images et des mots sur les maux, agissant comme un cataplasme sur les plaies existentielles. Marco se contente en fait d'un bonheur apparent, subissant la vie, se retranchant derrière son quotidien convenu, fuyant l'inconnu, la nouveauté plutôt que d'affronter le changement.

   Il chasse ses angoisses à coup d'hallucinogènes et de jeux vidéo, réfutant la réalité, la complication, se cachant derrière la facilité et l'irresponsabilité. A force de relations difficiles avec les femmes, avec son père, Marco s'enfonce par lâcheté dans la solitude, s'inventant des excuses, des prétextes, des malentendus, manquant cruellement de maturité.

  

  Quiconque ouvre « Le combat ordinaire » rencontrera au détour d'une bulle, d'une situation, une tranche de sa vie, une expérience vécue, ou encore une de ces questions qui vous souillent sournoisement l'esprit au passage d'une vague de déprime, voire dans ce bonheur préfabriqué, surfait et illusoire du confort matériel.


   Le dessin est minimaliste, réducteur mais ne gêne nullement la lecture et la compréhension de l'évolution psychologique du personnage, de ses interrogations et de ses doutes. Une ouverture simpliste mais qui va droit à l'essentiel, des questionnements sur l'amour, la vie commune, l'attitude face à la maladie, à l'Histoire, mais aussi sur la difficulté de devenir adulte et responsable dans un moderne où tout évolue très vite.

   La grande force de cette de cette bande dessinée repose sur les blancs, les non-dits et les sous-entendus. Le lecteur oriente ainsi sa lecture en fonction de ces scènes hors sujets, où Marco s'interroge sur son passé. Larcenet use alors du style photo ou du dessin cartoon, réduisant à un simple trait, une goutte de sang, les émotions, exprimant la peur, l'excitation par un regard blanc, vide.

   Au regard de cette histoire, on ne peut que repenser à un autre protagoniste de l'auteur, celui du « Retour à la terre », Manu. Avec cette série, Larcenet obtient enfin le Graal et la consécration, rejoignant ainsi le gotha des grands auteurs.

   Le combat ordinaire ne peut visiblement pas laisser indifférent.


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